Il y a quelques temps, je suis allé traîner du côté de Londres, au Identity & KYC Summit Europe pour y entendre discourir de doctes personnes sur la question. Parler d’identification et de KYC a toujours le don d’exciter ma curiosité, et je dois vous avouer ne pas avoir été déçu !

Première constatation, on veut nous faire faire de plus en plus de choses via l’informatique et principalement via notre smartphone.

Vous me direz que vous vous en doutiez déjà un peu. Certes, moi aussi. Mais c’est l’ampleur et le degré d’avancement des projets qui m’a surpris.

Seconde constatation, dans ce monde où règne le smartphone, il sera indispensable de savoir qui a le smartphone en main et donc, qui agit. Pour demander un crédit, parler à sa banque, réserver un voyage, questionner une administration, etc …

Le citoyen belge ou estonien (pour ne parler que de l’Europe, mais surtout, depuis 2001 en Malaisie) trouveront la question bizarre, car en fait, pour prouver son identité, ces personnes disposent depuis très longtemps, d’une carte d’identité à puce. Vous me direz que vouloir faire entrer une carte de format bancaire dans un smartphone peut sembler incongru, mais il ne doit pas être impossible de trouver une solution de synchronisation entre les deux.

Le smartphone comme objet incontournable du quotidien ? Admettons. Mais voilà qu’apparaît alors la lancinante question de l’identification : qui êtes-vous et comment allez-vous en donner la certitude à votre interlocuteur ??

Oublions un moment les systèmes hardware comme l’identification de l’iris ou du pouce ou que sais-je encore. On n’y est toujours pas. Car il faut que ce soit fiable et pratique.

A mon sens, c’est incontestablement une fonction régalienne de l’État que de connaître ses citoyens, donc de gérer les documents d’identité. Pourquoi les États sont-ils réticents à prendre la question à bras le corps ? Ne parlons-pas des Britanniques qui n’ont toujours pas de carte d’identité et ne sont pas prêts à accepter la démarche, mais en ce qui concerne les autres pays européens ? Serait-il si compliqué de trouver un accord sur une carte d’identité électronique compatible entre les 27 Etats ?

Sérieusement, ne trouvez-vous pas ridicule de devoir s’identifier avec son permis de conduire ou des « utility bills » de chauffage ou d’électricité ?

A défaut d’initiative publique, toute une série de solutions sont en train d’être ébauchées par des opérateurs privés.

Les banques occupent le premier rang. Il coule de source qu’une banque qui pourra identifier ses clients de manière tout à fait fiable, d’une manière aisée et à bas coût verra s’ouvrir devant elle les portes paradisiaques du e-banking. En Grande-Bretagne, toute une série de services dispensés par le secteur public se font sur base d’identification certifiées par des organismes financiers. Et oui …

Au second rang, on trouve des organismes neutres à forte connotation informatique; le meilleur exemple étant LuxTrust, donc j’ai croisé un représentant. Personnellement, je trouve cette solution plus acceptable car plus neutre. Mais quid de l’utilisation universelle (!) de ce genre de certification ?

A côté de cela, des organismes « dignes de foi » et qui, ayant déjà procédé à une identification poussée de leur client, pourraient partager leur processus KYC avec des Tiers. Rien n’empêcherait  votre Avocat de partager les informations d’un de ses clients au travers d’une routine d’IBAKUS®KYC. Voire de les monnayer.

Là, j’arrête, je sens que je vais vous perdre.

Mais vous m’avez bien suivi. Et vous avez bien compris que nous sommes bien au-delà de la question de la couleur de votre prochain smartphone et de savoir à quoi il va vous servir,. Nous sommes en plein dans d’importantes questions de société.

La question est passionnante. Je continue à ouvrir l’œil (et les oreilles) et vous tiens au courant.

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