La signification PPE « Personne Politiquement Exposée »
L’article 3, 9 définit la PPE comme étant une « personne physique qui s’occupe ou s’est vue confier une fonction publique importante ».
La Directive part du principe que les PPE, de par leurs fonctions, courent un risque plus important. Ce risque concerne la commission d’un délit financier ou autre, par rapport au commun des mortels. D’où l’obligation de prendre des mesures élevées de vigilance lorsque l’on traite avec cette catégorie de personnes. Cela ne veut nullement dire qu’il est interdit de traiter avec un PPE, seule existe une obligation de vigilance élevée .
La Directive considère que les PPE, de par leurs fonctions, présentent des risques plus élevés de blanchiment. Elles courent également un risque accru de commettre un délit financier ou autre. Par rapport au commun des mortels.
Les organismes financiers et établissements assujettis doivent donc appliquer des mesures de vigilance renforcée. Lorsqu’ils traitent avec ce type de personnes physiques.
Cela ne signifie pas qu’il est interdit de travailler avec un PPE. Il existe simplement une obligation de vigilance élevée, conformément aux lignes directrices sur la lutte contre le financement du terrorisme.
Classification officielle des PPE selon la Directive européenne
La Directive considère que sont PPE les personnes exerçant les fonctions suivantes :
- les chefs d’État, les chefs de gouvernement, les ministres, les ministres délégués et les secrétaires d’État,
- les parlementaires ou les membres d’organes législatifs similaires,
- les membres des organes dirigeants des partis politiques,
- les membres des cours suprêmes, des cours constitutionnelles ou d’autres hautes juridictions. Leurs décisions ne sont pas susceptibles de recours, sauf circonstances exceptionnelles,
- les membres des cours des comptes ou des conseils ou directoires des banques centrales,
- les ambassadeurs, les chargés d’affaires et les officiers supérieurs des forces armées,
- les membres des organes d’administration, de direction ou de surveillance des entreprises publiques ,
- les directeurs, les directeurs adjoints et les membres du conseil d’une organisation internationale. Mais aussi les personnes qui occupent une position équivalente en son sein.
Ceux qui sont étroitement liées à une PPE (PEP) tant sur le plan social ou professionnel, sont considérés comme PPE.
Les bénéficiaires effectifs et personnes associées
Ceux qui sont étroitement liés à une PPE sont considérés comme bénéficiaires effectifs dans le cadre des mesures de lutte contre le blanchiment d’argent. Que ce soit sur le plan social ou professionnel.
Les « proches » (au sens large) d’un PPE sont appelés ‘PEP by association’. Ils font l’objet d’obligations de vigilance particulières de la part des établissements financiers.
Il s’agit des membres de la famille tout comme les associés professionnels connus. Ils peuvent être impliqués dans des opérations suspectes ou des transactions inhabituelles. Cela nécessite une déclaration de soupçon auprès de TRACFIN, la cellule de renseignement financier française.
La définition du GAFI et la CNUCC
Le statut de PPE est défini par le Groupe d’action financière (GAFI) comme une personne qui est ou a été chargée d’une fonction publique importante.
Pour faire face à ces risques, les recommandations 12 et 22 du GAFI exigent que les pays veillent à ce que les institutions financières mettent en œuvre des mesures spécifiques. Il en va de même pour les entreprises et professions non financières désignées.
Ces mesures visent à prévenir l’utilisation abusive du système financier et des entreprises non financières par les Personnes politiquement exposées. Elles doivent aussi permettre de détecter ces abus potentiels, si et quand ils surviennent.
Le GAFI a publié les premières exigences obligatoires couvrant les PPE (PEP) étrangers, les membres de leur famille et leurs proches collaborateurs en 2003. En février 2012, le GAFI a étendu les exigences obligatoires aux PPE (PEP) nationales et aux PPE (PEP) des organisations internationales, conformément à l’article 52 de la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC). L’article 52 de la CNUCC définit les PPE (PEP) comme :
« les personnes qui sont ou ont été chargées de fonctions publiques importantes, ainsi que les membres de leur famille et leurs proches collaborateurs »
et inclut les PPE (PEP) nationaux et étrangers.
L’objectif principal des obligations de l’article 52 de la CNUCC est de lutter contre la corruption, ce que le GAFI approuve. Toutefois, il est important de noter que l’objectif des exigences du GAFI pour 2012 s’étend plus largement à la lutte contre le blanchiment d’argent et ses infractions principales (catégories désignées d’infractions), y compris la corruption, et à la lutte contre le blanchiment d’argent.
Objectifs de lutte contre la criminalité organisée et le blanchiment de capitaux
L’objectif principal des obligations de l’article 52 de la CNUCC est de lutter contre la corruption et les infractions de blanchiment. Ce que le GAFI approuve dans ses lignes directrices. Toutefois, il est important de noter que l’objectif des exigences du GAFI pour 2012 s’étend plus largement à la lutte contre le blanchiment d’argent et ses infractions principales (catégories désignées d’infractions). Y compris la corruption, la fraude fiscale. Mais aussi la lutte contre le financement du terrorisme à travers l’identification des bénéficiaires effectifs et l’analyse des risques.
La définition de l’Union européenne
L’avantage de la 4ᵉ Directive européenne est qu’elle définit précisément, en son article 3, 9), les fonctions couvertes par la notion de PPE. De plus, ses articles 3, 10) à 13) précisent la notion de membre de la famille ou de proche dans le cadre des obligations renforcées imposées aux assujettis.
Cette transposition dans le code monétaire et financier français impose aux établissements assujettis, sous le contrôle de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) et de l’AMF, de mettre en place des procédures adaptées de lutte contre le blanchiment à l’égard de la clientèle PPE.
Ces procédures incluent une connaissance actualisée de l’origine des fonds ainsi qu’une évaluation continue des risques.
Les mesures supplémentaires de vigilance renforcée
La gestion des risques associés aux PPE nécessite la mise en place de mesures supplémentaires de vigilance par rapport aux clients ordinaires. Ces mesures incluent notamment l’obligation de recueillir des informations sur l’origine des fonds publics ou privés impliqués dans les transactions. Les établissements financiers doivent également mettre en place une surveillance en temps réel des opérations effectuées par les PPE et leurs proches.
L’application des recommandations du GAFI
Les recommandations du GAFI (Groupe d’Action Financière) constituent le référentiel international en matière de lutte contre le blanchiment concernant les PPE. La recommandation 12 impose aux institutions financières d’obtenir l’autorisation de leur direction générale avant d’établir une relation d’affaires avec une PPE. Cette procédure doit s’accompagner d’une évaluation approfondie de l’origine du patrimoine et de la justification économique des transactions.
La surveillance continue et l’origine des fonds
Au-delà de l’identification initiale, les établissements assujettis doivent exercer une surveillance renforcée et continue des relations d’affaires avec les PPE. Cette vigilance particulière porte notamment sur l’origine des fonds publics susceptibles d’être détournés et sur la détection d’opérations atypiques. L’analyse en temps réel des flux financiers permet d’identifier rapidement les transactions suspectes nécessitant une déclaration auprès de TRACFIN.
Les secteurs et pays à risque élevé
Certains secteurs d’activité présentent des risques associés aux PPE plus importants. Notamment l’extraction minière, la construction, les marchés publics et l’énergie. De même, les PPE originaires de pays présentant un niveau de corruption élevé selon l’indice de Transparency International font l’objet d’une attention particulière. Les recommandations du GAFI incluent une liste régulièrement mise à jour des juridictions à haut risque.
Les conséquences du non-respect des obligations
Le manquement aux obligations de vigilance concernant les PPE expose les établissements à des sanctions financières importantes. En 2019, plusieurs banques européennes ont été sanctionnées pour des montants dépassant 70 millions d’euros. Cela en raison de défaillances dans leurs procédures de contrôle des PPE. Ces sanctions s’ajoutent aux risques réputationnels considérables en cas de mise en cause dans des affaires de blanchiment impliquant des fonds publics.
Le point de vue de 1stKYC
La « Watchlist », notre base de données mondiales de renseignement financier va un peu plus loin que le point de vue de l’Union européenne dans l’approche fondée sur les risques. Nous introduisons les notions de PPE niveau 1, 2 et 3 pour une meilleure identification des bénéficiaires ultimes.
Les PPE niveau 1 sont ceux visés par l’article 3 de la 4° Directive. Ils font l’objet de déclarations de soupçon systématiques en cas d’opérations atypiques.
Les PPE niveau 2 sont ceux exerçant une fonction politique au niveau régional. Ceux de niveau 3, exercent une fonction politique au niveau local. Les PPE de ces deux niveaux ne sont pas considérés comme présentant le même niveau de risque de blanchiment à l’opposé des PPE de niveau . Mais ils nécessitent tout de même une vigilance renforcée dans le cadre des relations d’affaires.
Lorsque l’utilisateur 1stKYC rencontre un PPE de niveau 2 ou 3, il a la possibilité, dans la grille de risque :
- d’imposer son point de vue au système
- de modifier le niveau de risque (vers le haut ou vers le bas) en justifiant son point de vue.
Il nous semble normal que la logique humaine aie le dernier mot sur celle de la machine. Et cela dans le cadre du dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, conformément aux recommandations des autorités compétentes et aux obligations de vigilance imposées par le secteur financier.